Le totalitarisme
La question du meilleur régime politique possible a tourmenté philosophes et gouvernants depuis l’Antiquité. Ainsi, les penseurs grecs se posaient déjà des questions à ce sujet. Cependant, leur démarche avait une visée normative qui n’a plus sa place aujourd’hui car elle était contraire à l’idée que l’on doit se faire du politique ou de l’émergence de l’Etat moderne. L’Etat moderne se distingue des sociétés ante-modernes principalement par l’idée d’autonomie, en ce sens que les hommes se sont approprié la capacité de se donner leurs propres lois en rompant avec le principe d’une autorité législative supérieure et transcendante, ce qui a été rendu possible par un long processus permettant l’apparition de la modernité politique. Ce long processus parait s’achever au début du XVIIIe siècle, avec l’affirmation du pouvoir politique comme un domaine propre et l’avènement de la modernité par la reconnaissance de la dignité propre de ses sujets, c'est-à-dire la distinction de l’Etat et de la société civile.
Cependant, se pose, encore de nos jours, la question du régime politique, tant ses formes ont paru diversifiées. Une première distinction peut être faite entre les régimes qui tentent d’allier liberté et participation populaire et ceux qui la nient, c'est-à-dire entre les régimes démocratiques et anti-démocratiques. Mais cette définition nous semble normative et incomplète car révélant des réalités différentes. Ainsi, le régime sus cité apparait-il à bien des égards comme une sorte de démocratie imparfaite, dans laquelle le système politique contient un parti unique, n'admettant aucune opposition organisée, dans lequel l'État tend à confisquer la totalité des activités de la société. Concept forgé au XXe siècle, durant l'entre-deux-guerres, le totalitarisme signifie étymologiquement « système tendant à la totalité, à l'unité ». Il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des hommes, comme le ferait