Le travail
Le mot « travail » vient de « tripalium » qui désigne dans le latin populaire, une machine formée de trois pieux, permettant d’assujettir, pour leur imposer le joug ou le mors, les bœufs, les chevaux difficiles (tripaliare : torturer). Le travail est donc sujétion, esclavage. De même dans la Bible nous trouvons l’injonction divine : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ! ». La notion de travail semble donc faire référence à une tâche pénible, imposée de l’extérieur, à une malédiction qui ruine toutes possibilités de liberté. Dans la civilisation gréco-latine, le travail est méprisé. L’esclave travaille, l’homme libre peut se consacrer aux activités de loisirs (scholé, otium ). L’otium et la scholé correspondent à des activités intellectuelles, culturelles (littérature, philosophie, art, sciences). Dans l’antiquité le travail était une fonction servile. Chez les Grecs, tous les hommes n’étaient pas libres et égaux. Les esclaves étaient considérés comme des moyens et non comme des fins à respecter. Seule l’invention future de machines remplaçant les esclaves rendrait caduc l’utilisation de cette main d’œuvre servile : « si les navettes marchaient toutes seules, nous n’aurions plus besoin d’esclaves. » (Aristote, Politique) Les Anciens pensaient qu’il fallait avoir des esclaves pour se libérer de cette dépendance à l’égard de la matière, des besoins. En tant qu’asservissement à la nécessité, le travail est dévalorisé. Mais le travail a aussi un autre sens. Il suppose un effort conscient et réfléchi, une action intelligente de l’homme pour dominer la nature et les choses. Le travail est donc aussi maîtrise, spiritualisation de la matière. -Le travail nous rend-t-il étranger à nous-mêmes ? -N’est-il qu’une contrainte ? -Pourquoi travaillons-nous ? 1. SPECIFICITE DU TRAVAIL HUMAIN. A/ L’homme a des mains parce qu’il est intelligent Les outils vont permettre à l'homme d'échapper à sa faiblesse originelle. Si les animaux ont des griffes, des cornes