Le travail
L’anglais et l’allemand séparent le travail en cours de réalisation (labour, arbeit) et le travail qui a été réalisé (work, werk). Le latin distingue certains travaux pénibles ou dangereux : on parle de labor pour la culture des champs, le service militaire ou l’accouchement. Le grec met d’un coté l’activité de production extérieure (poiesis) et de l’autre son résultat (ergon).
En philosophie, c’est le travail comme activité qui intéresse. Pour les philosophes, le travail est d’abord ce par quoi l’homme transforme ce qui l’entoure pour satisfaire ses besoins (sens 1). La notion s’écarte donc très vite du sens courant. Travailler, c’est agir sur le réel pour le modifier.
Certains ouvrages insistent sur le rapport entre travail et nature. Le travail serait une transformation de la nature, pas du réel en général. Cette vision correspond à un image du travail très éloignée du monde contemporain. Il y a 5000 ans, travailler, oui, c’était agir sur la nature. Mais aujourd’hui ? Sérieusement ?
Travailler, c’est interagir avec son environnement. C’est chercher à le transformer, à en faire quelque chose d’autre que ce qu’il est au départ. Dans le même temps, cet environnement va transformer celui qui travaille. Il y a une double dynamique.
Le travail est un moment de confrontation. L’homme se rend compte que le réel lui résiste. Il ne se plie pas à ses désirs ou à sa volonté. Il faut faire des efforts, voire souffrir, pour réussir à transformer les choses. Le réel est un perçu comme un obstacle.
Essayez de faire de la poterie. Vous prenez du matériel, vous malaxez la glaise… et c’est moche. C’est raté. Ça ne ressemble à rien. Vous