Le vagabond
Il aperçut, au loin, dans un pré, une tache sombre sur l'herbe, une vache.
Il enjamba le fossé de la route et alla vers elle, sans trop savoir ce qu'il faisait.
Quand il fut auprès, elle leva vers lui sa grosse tête, et il pensa : « Si seulement j'avais un pot, je pourrais boire un peu de lait. »
ELEMENT PERURBATEUR: la présence de la vache modifie le comportement de Randel.
Il regardait la vache; et la vache le regardait; puis, soudain, lui lançant dans le flanc un grand coup de pied : « Debout! » dit-il.
La bête se dressa lentement, laissant pendre sous elle sa lourde mamelle; alors l'homme se coucha sur le dos, entre les pattes de l'animal, et il but, longtemps, pressant de ses deux mains le pis chaud, et qui sentait l'étable. Il but tant qu'il resta du lait dans cette source vivante.
TRANSFORMATION 1: Randel pour aller mieux vole le lait et ne communique plus qu'avec un animal
La vache s'était recouchée, lourdement. Il s'assit à côté d'elle, en lui flattant la tête, reconnaissant d'avoir été nourri. Le souffle épais et fort de la bête, sortant de ses naseaux comme deux jets de vapeur dans l'air du soir, passait sur la face de l'ouvrier qui se mit à dire : « Tu n'as pas froid là-dedans, toi. »
Maintenant, il promenait ses mains sur le poitrail, sous les pattes, pour y trouver de la chaleur. Alors une idée lui vint, celle de se coucher et de passer la nuit contre ce gros ventre tiède. Il chercha donc une place, pour être bien, et posa juste son front contre la mamelle puissante qui l'avait abreuvé tout à l'heure. Puis, comme il était brisé de fatigue, il s'endormit tout à coup.
Mais, plusieurs fois, il se réveilla, le dos ou le ventre glacé, selon qu'il appliquait l'un ou l'autre sur le flanc de l'animal; alors il se retournait pour réchauffer et sécher la partie de son corps qui était