Le vieillissement : destin ou maladie ?
Aperçu
« Destin » et « maladie » ne constituent pas forcément une dichotomie. C’étaient autrefois deux manières complémentaires d’envisager le vieillissement. Depuis toujours, les hommes ont lutté contre l’outrage des ans, comme on se soigne d’une maladie, tout en sachant bien qu’il leur fallait vieillir. Le vieillissement était simplement, selon l’expression d’Aristote, une maladie naturelle .
C’est seulement récemment, avec le développement des sciences de la vie, que ces deux notions s’opposent, car désormais le concept de « maladie » implique une possibilité de guérison – même si cette possibilité n’est bien souvent que théorique, car fondée sur la conviction que la science n’a potentiellement pas de limites – alors que le destin désigne l'issue d'une chose inéluctable par nature.
En se fondant sur l’histoire des sciences, la biologie du vieillissement et l’observation de la société, cette deuxième partie tentera de rendre compte de la tendance actuelle à ne plus considérer le vieillissement comme un destin mais plutôt comme un ensemble de dysfonctionnements potentiellement guérissables.
Ce changement de perspective n’est-il pas une conséquence logique du progrès de l’humanité ? Depuis toujours, l’avancée de la science a permis à l’homme de diminuer l’influence du hasard sur son existence : hasards des maladies, des épidémies, des intempéries, des sécheresses, etc. Sans connaissances, le hasard n’est qu’un monstre imprévisible et innommable que l’on appelle, faute de mieux, destin ou fatalité. La science, même si elle ne peut éliminer le hasard, lui donne un nom et un visage. Il est dès lors possible à l’homme de commencer à apprivoiser ce monstre : la maladie devient génétique ou infectieuse, l’épidémie virus ou microbe, l’intempérie météorologie, la sécheresse haute pression et le vieillissement maladie. Cela signifie-t-il que le progrès doit amener l’homme à maîtriser ou à supprimer l’ultime hasard, celui de