Le vieux bateau

Dans un petit port de la Méditerranée, il y avait un vieux bateau qui se plaignait. Il avait des rhumatismes.
« J’en ai assez, disait-il, d’avoir les pieds dans l’eau. A mon âge, toute cette humidité ne me vaut rien. Je préfèrerais vivre sur la corniche, comme cette petite maison là-bas. Ce serait moins fatiguant.
- Vraiment, disaient les autres bateaux, pour qui se prend-il celui-là ? Les bateaux, c’est fait pour aller sur l’eau et rien d’autre.
- Oui, mais, à mon âge, toujours courir sur les mers !...
- Alors, tu es tout juste bon pour la casse, ricana le canot à moteur. Si tu ne veux plus aller en mer, on te démolira et ce sera bien fait. »
Et les autres bateaux ricanèrent avec lui.
Quelque temps après, le propriétaire du vieux Joseph (c’était le nom du vieux bateau) décida de s’en débarrasser car il ne lui servait plus à rien.
« Je vais le démolir, se dit-il ; comme ça je ne l’entendrai plus se plaindre de ses rhumatismes. »
Mais là-bas, sur la corniche, il y avait une petite fille qui vivait dans la petite maison et qui trouvait le vieux Joseph bien joli avec ses dessins sur le ventre.
Quand elle apprit qu’on allait le démolir, elle courut supplier le propriétaire de lui donner le vieux bateau.
« J’en ferai une maison, dit-elle. Je vous en prie, Monsieur, donnez-le-moi. »
Le propriétaire s’étonna.
« Une maison ? Mais on ne peut pas faire une maison avec ce vieux bateau !
- Je vous en prie, Monsieur, insista la petite fille. »
Alors le monsieur lui donna son bateau, car elle était si mignonne qu’on ne pouvait rien lui refuser, et elle le fit transporter sur la corniche à côté de la petite maison.
Le vieux Joseph, tout heureux d’avoir les pieds au sec, se laissa réparer et transformer en maison. On lui mit de beaux rideaux, on planta des rosiers qui grimpèrent sur son ventre et on installa de jolies chambres où la petite fille put inviter à jouer tous ses petits camarades. Le vieux Joseph devint ainsi la maison des enfants.
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