Le vivant
Evidence : nous vivons.
« Combien de choses savons- nous aussi bien que le fait que nous vivons ? » (Saint Augustin)
Cette évidence pourtant s’obscurcit dès qu’il s’agit de cerner distinctement la nature du corps vivant.
Descartes se demande dans les Méditations métaphysiques comment il est possible de savoir si on a affaire à des êtres vivants et non à des automates. Les corps vivants et les corps inanimés étant constitués par la même matière on peut se demander si la science du vivant exige une méthode spécifique. Claude Bernard propose une définition de la vie réduite à cinq caractères généraux : l organisation, la génération ( croissance), la nutrition, l évolution , la caducité incluant la maladie et la mort.
I – Le modèle animiste : la conception du vivant chez Aristote
1- Le principe de la vie
Aristote dans De l ‘âme établit une ligne de démarcation très nette entre les corps vivants et les corps inanimés, et s’ interroge sur l’essence de la vie. Il observe que parmi les « corps naturels, les uns ont la vie et les autres ne l’ ont pas ». Mais qu’ est ce que la vie ? Aristote énonce trois caractéristiques permettant de la définir : « Par vie nous entendons le fait de se nourrir, de grandir et de dépérir par soi même ». Ainsi la vieillesse, la maladie et la mort sont comprises dans la définition même du vivant et ne sont pas considérées comme le produit d’une cause extérieure de destruction. Ainsi on meurt de vivre. La mort n’ est ni une agression ni un accident survenant du dehors, elle est inhérente au vivant et à son essence. Elle n’est pas le contraire de la vie mais son expression. Vivre, c’est mourir de soi et par soi.
Comment expliquer que certains corps possèdent la vie et d’ autres non ? Le principe de la vie selon Aristote réside dans une âme qui est une forme inséparable de sa matière. La forme ne désigne pas l’ aspect extérieur, car dans ce cas il serait impossible de distinguer le corps vivant du cadavre, elle est