MOLIERE, LE MALADE IMAGINAIRE, Acte III scène 3, extrait numéro 2
BERALDE : Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et chacun, à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu’il lui plaît. Ce que j’en dis n’est qu’entre nous, et j’aurais souhaité pouvoir vous tirer un peu de l’erreur où vous êtes, et, pour vous divertir, vous mener voir sur ce chapitre quelqu’une des comédies de Molière.
ARGAN : C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le …afficher plus de contenu…

Le sens implicite est donc celui du sacré, et nous retrouvons l’Argan qui a « foi » en la médecine comme en une religion, dont les médecins seraient les prêtres à qui l’on devrait obéissance. Le problème soulevé est celui du tabou du sacré : on ne doit ni le critiquer, ni même l’évoquer dans un contexte futile, mais seulement s’y soumettre et y obéir. On voit que Molière pose implicitement la question de la liberté d’expression au théâtre, qui lui a été refusée à plusieurs reprises, dès qu’il a osé porter sur la scène un sujet qui frôle le religieux (Le …afficher plus de contenu…

». Le théâtre dans le théâtre qui fait apparaître l’auteur dans sa pièce ouvre même un discours direct entre l’auteur et son personnage (guillemets, 2e pers du sing de l’impératif, puis pronom « tu »). La violence progresse en gradation et le personnage qui reproche le manque de respect à Molière devient plus qu’irrespectueux : c’est un monstre qui apparaît à nos yeux, sans aucune humanité : « quand il sera malade, je le laisserais mourir » (ce qui trahit le serment d’Hypocrate des médecins ; « il aurait beau faire et beau dire » : rythme binaire qui insiste sur son manque de pitié et son caractère inflexible.
Molière imagine sans doute ce que pensent secrètement les médecins heurtés par ses opinions, et il