Le nil a l'origine de l'egypte ancienne
Aude Gros de Beler
Égyptologue
Selon Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Comment, en effet, aurait pu naître et s'épanouir la brillante civilisation égyptienne sans la crue qui, chaque année, déposait au milieu des sables du désert saharien les limons noirs arrachés aux plateaux volcaniques de l'Éthiopie et apportait l'eau nécessaire à l'irrigation des cultures ? Pour (re) découvrir ce fleuve mythique, nous nous sommes adressés à Aude Gros de Beler à …afficher plus de contenu…
Les documents fixent la hauteur idéale d'une crue à seize coudées, environ huit mètres : on dit que, lors de son apparition, Hâpy, personnifiant la crue, est accompagné de seize enfants mesurant chacun une coudée ; de même, lors de sa fête orgiaque célébrée au début de l'inondation, Hathor est qualifiée de « femme de seize (coudées) ». En réalité, le volume de la crue résulte de l'abondance des précipitations tombées dans les montagnes d'Éthiopie nourricières du Nil bleu.
Par sa puissance, le fleuve arrache sur son passage toutes sortes de débris volcaniques et métamorphiques qui, par décomposition, forment ce limon extrêmement fertile qui donne à la …afficher plus de contenu…
Sous la XIIe dynastie, Amenemhat III se lance dans de vastes travaux pour la mise en valeur du Fayoum à des fins agricoles : on creuse des canaux d'irrigation et on édifie des digues protectrices pour assécher les zones inondées et augmenter la surface cultivable. Ses aménagements sont si importants que son nom restera attaché à la région jusqu'à la période romaine où il est adoré sous le nom de Lamarès. Parallèlement, on s'affaire en Nubie, aussi bien pour tenter de contrôler l'inondation que pour ouvrir un passage entre l'Égypte et la
Nubie. Une inscription de l'an VIII de Sésostris III explique que, sur les bases de travaux entrepris à la VIe dynastie par les nomarques d'Éléphantine, on a fait « rénover le canal, dont le nom