Lecteur
Si l’on quitte l’idée du lecteur abstrait pour s’intéresser au lecteur réel, selon la terminologie de Michel Picard, on se demande alors quelle lecture retenir pour l’analyse ; la première lecture ou la relecture ?On peut apporter des éléments de réponse en considérant d’abord le point de vue de Jauss qui préconise d’analyser l’œuvre à partir de l’horizon d’attente du premier public auquel elle est après tout destinée. De plus, Jouve montre que la lecture « naïve » qui est de loin la plus répandue, est la seule qui peut tout à fait jouer le jeu du « lecteur modèle » qui doit se laisser guider par le texte et chercher sincèrement à anticiper une suite qu’il ne connaît pas. Néanmoins Michel Picard ne néglige pas l’intérêt de la relecture puisque « La succession n’est pas l’unique dimension du récit : le texte n’est pas seulement une « surface » mais aussi un « volume » dont certaines connexion ne sont perceptibles qu’à la seconde lecture » La relecture permet de savourer les signes annonciateurs de la suite qui échappent au lecteur naïf et de dégager les différentes signification du texte ainsi que le note Barthes dans S/Z : « Si donc, contradiction volontaire dans les termes, on relit tout de suite le texte, c’est pour obtenir, comme sous l’effet d’une drogue (celle du recommencement, de la différence) , non le vrai texte, mais le texte pluriel : même et nouveau » Ne serait-ce que parce qu’il peut relire, le lecteur réel se distingue fondamentalement du lecteur postulé par le texte qui lui est un narrataire crée par le texte. Il peut être narrataire-personnage, narrataire invoqué (apostrophe), ou narrataire effacé (jeu de la connivence culturelle) il n’est après tout que la somme des signes qui le compose l’archilecteur selon Riffaterre.
Nous avons vu que le lecteur doit reconstituer le sens laissé parfois volontairement opaque par le texte. Mais même le texte le plus explicatif ne peut se passer du lecteur pour reconstituer le sens car tout