De la servitude à la Négritude
Cahier d’un retour au pays natal de Aimé Césaire

L’œuvre poétique d’Aimé Césaire parue en 1939, Cahier d’un retour au pays natal se présente comme un long texte d’une quarantaine de pages, en prose et en vers libres. Cette œuvre, qui s’est imposée comme une œuvre majeure de la poésie francophone du XXe siècle, s’inscrit dans la poésie moderne et le courant littéraire de la négritude fondé par l’auteur dans les années 30. Ce long poème en prose est une quête des origines mais c’est aussi une œuvre engagée qui a une dimension argumentative, un cri de révolte contre un passé d’esclavage, de souffrance et d’humiliation contre la toute puissance de la culture européenne. Il y défend la Négritude qu’il définit dans son discours de la négritude comme à la fois une « attitude passive de l’ordre du pâtir et du subir » et une attitude « offensive et active de l’esprit », un sursaut de dignité, un refus de l’oppression. Dans cet extrait au présent qui prend des allures de futur, qui mélange la prose et le vers libre, dénonciation polémique et chant lyrique, le poète annonce la fin de la négritude (au premier sens) et la réhabilitation, la restauration de la « négraille ». Nous nous demanderons donc comment ce poème met en scène le passage de la servitude à la Négritude (dans le deuxième sens du terme). Nous verrons, dans un premier temps, que c’est un texte polémique qui dénonce l’esclavage, puis dans un second temps, nous l’analyserons comme un hymne lyrique qui célèbre la négritude et fait partager un message un d’espoir.

Le but du registre polémique est de solliciter le jugement et la raison du destinataire, le locuteur fait partager au destinataire le sentiment d’indignation qu’il éprouve pour le convaincre de son point de vue et enfin de provoquer le destinataire pour le faire réagir et réfléchir. Selon cette définition, notre poème relève bien de la dénonciation polémique. Tout d’abord, le poète s’implique tout au