Lecture analytique de rhinocéros
Rhinocéros, monologue final (de « Je ne suis pas beau » à la fin)
Question : Comment ce dénouement donne-t-il au personnage de Bérenger sa dimension de héros tragique ?
INTRO
Bérenger est désormais seul sur scène : il est le dernier personnage à ne pas avoir subi la métamorphose. La pièce se clôt donc sur un monologue final de Bérenger, dans sa chambre, où il semble reclus, cerné par les rhinocéros. Ce monologue a commencé un peu plus haut dans la pièce, après le départ de Daisy ; Bérenger compare alors les tableaux représentant des hommes et les têtes de rhinocéros présentes au fond de la scène et s’interroge sur son propre physique.
A la lecture de ce monologue final, nous pouvons nous demander comment ce dénouement donne-t-il au personnage de Bérenger sa dimension de héros tragique. Pour répondre à cette question nous nous proposons d’analyser dans un premier temps la solitude du personnage, puis nous verrons que son statut héroïque nait d’une évolution dans son discours qui passe par la tentation de la métamorphose.
ANALYSE
I/ La solitude radicale et tragique de Bérenger
A) Un discours particulier : le monologue
Le recours au monologue est ici justifié par l'évolution du « drame » qui a conduit à la métamorphose progressive de tous les personnages. Bérenger est le dernier homme, il n'a plus d'interlocuteur. Un accessoire sur scène souligne cette situation : le miroir ; Bérenger se parle de fait à lui-même (« il va vers la glace », « il contemple sa poitrine dans la glace »).
Aucune marque du discours dialogué, fréquemment utilisé au sein même d'un monologue : il n'y a donc plus aucun destinataire même potentiel, même imaginaire, à la parole de Bérenger ; plus personne ne parle sa langue. Toute communication est donc impossible et le passage radicalise cette faillite de la parole présente dans toute la pièce.
Disposition spécifique du discours théâtral qui confère au public une place particulière et problématique :