Lecture analytique le joujou du pauvre
LE JOUJOU DU PAUVRE DE BAUDELAIRE - Extrait d’un des Petits poèmes en prose N°XIX
La poésie au-delà des clivages.
Introduction :
Baudelaire, poète et critique artistique veut faire de l’écrivain « un peintre de la vie moderne », expression par laquelle il qualifie le génie de Delacroix. Aussi n’hésite-t-il pas à offrir au sein de ses recueils Les Fleurs du mal ou Spleen de Paris le spectacle de scènes de rue comme Les Tableaux parisiens ou ce texte intitulé le Joujou du pauvre. Ce poème apparaît d’emblée comme un court récit, sorte de témoignage sur une scène à laquelle le poète assiste. Le thème essentiel en est l’enfance et la capacité d’émerveillement propre à cet âge. A travers la rencontre de deux jeunes enfants fortement marqués en apparence par leur milieu social, Baudelaire va mettre en œuvre la capacité de la poésie à transcender les clivages, les apparences pour faire surgir de secrètes correspondances et une « universelle analogie » entre ces deux êtres que tout oppose. Le récit se déploie comme une fable dont le message implicite en appelle à la perspicacité du lecteur « ce semblable et ce frère ». Loin d’une littérature engagée au service d’une idéologie, la poésie se fonde ici sur une nouvelle lecture du quotidien, du trivial rendu à son essence par la qualité du regard que l’on pose sur des réalités insoupçonnées… Le poète n’est-il pas avant tout « un voyant » ?
I. Une peinture sociale fondée sur le clivage : une opposition antithétique
L’antithèse est la figure centrale de ce poème. De prime abord , les deux enfants sont placés en opposition radicale, frontale et apparaissent comme des figures emblématiques du milieu social auquel ils appartiennent respectivement. Le portrait adopte dans les deux cas la même progression (présentation des deux enfants mis en// par la même construction syntaxique « ..derrière la grille…se tenait »l. 2 « de l’autre côté de la grille…il y avait un autre