Lecture analytique, le loup et l'agneau
Introduction :
Le texte que nous allons étudier est la 10° fable du livre I, publié en 1668 dans un 1° recueil comprenant les livres I à IV. Ce recueil est adressé à Monseigneur le Dauphin dont La Fontaine est le précepteur. Cette fable met en scène deux personnages allégoriques de la force et de la faiblesse, le Loup et l’Agneau. La Fontaine fait ici le récit d’une rencontre dont l’issue ne laisse aucun doute. L’intérêt de ce récit ne réside donc pas dans sa fin mais dans le dialogue argumentatif qui s’engage entre les deux personnages et qui précède la mise à mort de l’Agneau. Nous ferons de ce texte une lecture analytique en étudiant dans un premier temps l’issue inéluctable de cette fable puis nous verrons dans quelle mesure ce dialogue argumentatif est perverti et enfin nous nous demanderons pourquoi la victoire du loup n’est qu’apparente.
I : Une issue inéluctable.
A/ La composition de la fable.
Cette fable est composée de deux grandes parties : la première est la morale (l’âme de la fable) qui apparaît dès l’ouverture : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Le fabuliste va montrer, confirmer par un exemple cette affirmation. L’affirmation, condensée en un seul vers, au présent de vérité générale, renforcée par l’adverbe toujours ne laisse aucune place au doute, à l’exception. Elle désamorce tout le suspense du récit qui va suivre et interdit de nourrir la moindre illusion sur un possible issu heureuse de la rencontre de ces animaux. La seule question qu’elle soulève porte sur son ambiguïté : est-ce la meilleure car elle est la plus efficace ou la plus juste ?
Après ces deux premiers vers, le récit commence et se poursuit jusqu’au dernier vers. (2° partie : le corps de la fable). Le récit est constitué des étapes suivantes :
L’exposition, v. 3 à 6, présente rapidement le cadre, les protagonistes et l’action.
Le nœud prend la forme d’un dialogue : l’agneau