Lecture analytique memnon voltaire
Si le genre du conte est souvent associé à l’idée de merveilleux au XVIIè siècle, il se charge au XVIIIè d’une portée plus critique et devient une forme privilégiée pour incarner des idées et mettre à l’épreuve des théories. Même si Voltaire n’en a jamais revendiqué l’étiquette, il fait du conte philosophique son apanage personnel pour développer ses idées tout en déjouant la censure. Certains de ses contes présentent explicitement, en sous-titre, la notion à laquelle ils invitent le lecteur à réfléchir : Zadig ou la destinée, Candide ou l’optimisme…
C’est aussi le cas de Memnon sous-titré « ou la sagesse humaine ». Ce court récit reprend une thématique phare du XVIIIè, la recherche du bonheur. Pour être heureux, le personnage éponyme décide d’être sage et pour ce faire, il élabore un plan de sagesse basé sur la privation et l’absence de passions. On retrouve ici les principes de la philosophie stoïcienne en vogue au XVIIè mais démodée au XVIIIè où l’on réhabilite les passions comme source de bonheur. Après avoir subi plusieurs malheurs en une journée et perdu ses biens ainsi qu’un œil, il entrevoit en songe un esprit, sorte de génie des contes orientaux, avec lequel il engage un dialogue.
On peut dès lors se demander comment, dans cette fin de conte, le divertissement d’un dialogue plein de fantaisie se mêle étroitement à la recherche de la vérité.
I/ Un dialogue plaisant
1) Le merveilleux
- mise en scène du songe qui donne à la conclusion du conte un aspect surnaturel, merveilleux.
- dialogue entre l’habitant d’un autre monde, le génie, sorte d’ange gardien et la victime terrestre du mal. Caricature du conte oriental à la mode (Mille et une nuits, traduit par A Galland)
- aspect surnaturel du génie « six belles ailes mais ni pieds, ni tête, ni queue »
- champ lexical des planètes « esprit céleste », « globes », « étoile », « univers », hyperbole « cent mille millions de mondes » ce qui permet de faire entrer le lecteur dans une