lecture analytique Therese Raquin V
Préparez la lecture analytique de ce texte, en vous aidant des outils d'analyse ci-dessous (à nommer) :
– proposez une problématique
– proposez deux ou trois axes
– proposez un plan détaillé (complétez les interprétations des outils que vous utilisez)
Madame Raquin se souvint brusquement du petit Laurent, qu’elle trouva singulièrement grandi. Il y avait bien vingt ans qu’elle ne l’avait vu. Elle voulut lui faire oublier son accueil étonné par un flot de souvenirs, par des cajoleries toutes maternelles.
Laurent s’était assis, il souriait paisiblement, il répondait d’une voix claire, il promenait
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autour de lui des regards calmes et aisés.
« Figurez-vous, dit Camille, que ce farceur-là est employé à la gare du chemin de fer d’Orléans depuis dix-huit mois, et que nous ne nous sommes rencontrés et reconnus que ce soir. C’est si vaste, si important, cette administration ! »
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Le jeune homme fit cette remarque, en agrandissant les yeux, en pinçant les lèvres, tout fier d’être l’humble rouage d’une grosse machine. Il continua en secouant la tête :
« Oh ! mais, lui, il se porte bien, il a étudié, il gagne déjà quinze cents francs… Son père l’a mis au collège ; il a fait son droit et a appris la peinture. N’est-ce pas, Laurent ?… Tu vas dîner avec nous.
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— Je veux bien », répondit carrément Laurent.
Il se débarrassa de son chapeau et s’installa dans la boutique. Madame Raquin courut à ses casseroles. Thérèse, qui n’avait pas encore prononcé une parole, regardait le nouveau venu. Elle n’avait jamais vu un homme. Laurent, grand, fort, le visage frais, l’étonnait. Elle contemplait avec une sorte d’admiration son front bas, planté d’une rude chevelure noire, ses joues pleines, ses lèvres rouges, sa face régulière, d’une beauté
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sanguine. Elle arrêta un instant ses regards sur son cou ; ce cou était large et court, gras et puissant. Puis elle s’oublia à considérer les grosses mains qu’il tenait étalées sur ses