Lecture analytique – l’assommoir - chapitre vii
Soucieux de peindre la réalité d’un milieu social singulier, Zola dans l’Assommoir, roman publié en 1877, met en application ses théories naturalistes de l’hérédité et du déterminisme. Dans cette « scène » du chapitre VII, Gervaise, à l’occasion de son anniversaire donne un repas autour d’une oie qui réunit le petit milieu du quartier de la Goutte d’Or. Le regard du narrateur transforme cette « ventrée » en une galerie de portraits, de comportements typés et excessifs voire caricaturaux qui métaphorisent une réalité cruelle, celle du passage de la misère à l’excès. La réalité s’animalise et se renverse en une vision monstrueuse qui annonce la mort, la déchéance des personnages.
Nous étudierons donc dans un premier temps les figures de l’excès qui caractérisent ce repas monstrueux puis l’animalisation d’une société sur laquelle le narrateur porte un regard cruel et ironique dont nous analyserons enfin les modalités.
Cette scène descriptive ne se réduit pas à l’évocation d’un simple repas, mais devient la mise en scène d’une société typée qui se livre à des comportements excessifs que nous allions étudier à travers les images hyperboliques de la nourriture du corps.
En effet, cette petite société rassemblée autour de Gervaise et de l’oie symbolique s’adonne à des comportements exagérés qui caractérisent des verbes tels que : « s’emplissaient trop » l7, « engloutit le plat » l16 et « avoir trop mangé » l25. On notera, d’ailleurs, l’emploi marqué de l’adverbe intensif « trop » dans le texte. Le repas se transforme en une véritable « indigestion » l3 qui suggère les manifestations excessives du corps livré aux déboires de la nourriture comme dans les expressions hyperboliques et dévalorisantes : « ventre enflé » l26, « pétaient dans leur peau » l39 et « menton barbouillé de graisse » l40. Le corps des convives, celui de Gervaise est caractérisé par les termes connotés