Lemieux
Philippe Garigue, de la sociologie de la famille à la politique familiale au Québec1 D. Lemieux Cette réflexion sur Philippe Garigue et sa contribution à la sociologie de la famille s’inspire de lectures de ses travaux à deux moments éloignés de mon parcours. Si j’avais lu et cité La vie familiale des Canadiens français2, et puisé là des observations intéressantes sur la famille au Québec, c’est avec un certain étonnement que j’ai découvert, à l’occasion d’une recherche sur le mouvement familial au Québec son influence et ses idées novatrices comme président du Conseil supérieur de la famille (1964-1970). Dans l’exercice de cette fonction gouvernementale poursuivie en parallèle à sa carrière universitaire, il intervient auprès des milieux associatifs du secteur famille pour faire la promotion d’une politique familiale au Québec. Il en ébauche les grandes lignes en 1970 dans un rapport qui pose les balises d’un projet qui sera repris puis réalisé 20 ans plus tard3. Dans cet article issu d’une rencontre organisée par le CIRCEM autour de Philippe Garigue et de son œuvre, j’aborderai tour à tour son influence en sociologie de la famille au Canada français, puis dans le domaine des politiques familiales et des mouvements sociaux qui s’y rattachent. Cette double activité de Garigue s’est déroulée dans une même période de sa vie, soit les années de sa carrière universitaire au Québec, les deux démarches se chevauchant au cours des années 60. Vers la fin de la décennie, son action et sa réflexion se sont élargies à l’échelle du globe lorsqu’il accède à la présidence de l’Union internationale des organismes familiaux, UIOF. Lui-même a expliqué, à quelques reprises, le lien étroit qu’il établissait entre la recherche scientifique et l’action4. La première question qui se pose en ce qui concerne la sociologie de la famille est celle des liens théoriques ou pratiques qu’il tisse entre ces deux sphères d’activités5. La question plus spécifique est celle de la réception