Lemonde
Les Européens, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour inciter la diplomatie russe à mettre de l'eau dans son vin, ne savent plus sur quel pied danser. "Leur position est vraiment difficile à comprendre", résume un diplomate européen en poste à Moscou.
Au-delà des arguments classiques - soutien de longue date aux Al-Assad père et fils, vente d'armes au régime pour 3 milliards de dollars au total, importance stratégique de la base navale russe de Tartous en Méditerranée, dernier avant-poste à l'étranger maintenu depuis l'effondrement de l'URSS -, d'autres raisons éclairent la posture russe.
La première est le profond décalage entre deux systèmes de valeurs. Pour les Occidentaux, un dirigeant qui fait tirer sur son peuple dans de telles proportions - au moins 6 000 morts, la plupart victimes des tirs de l'armée régulière syrienne, selon l'ONU - commet un crime contre l'humanité. De là, la notion d'ingérence humanitaire. Mise en avant par le camp occidental, elle est un os qui ne passe pas dans la gorge de l'élite politico-militaire au pouvoir en