Les aidants naturels: leur rôle dans le processus de réadaptation
Nancy Guberman
Professeure de travail social
Université du Québec à Montréal
Ce chapitre repose sur les travaux que j’ai réalisés en collaboration avec Pierre Maheu et Jean-Pierre Lavoie qui, dans une certaine mesure, devraient être reconnus à titre de co-auteurs du présent article.
Carol et Philip sont anxieux et frustrés de devoir négocier des allées et venues dans le monde de la réadaptation depuis que leur fils adolescent a subi un accident de motocyclette. Angela a dû « mettre sa vie en veilleuse » depuis qu’elle a commencé à prendre soin de ses parents âgés atteints de maladies chroniques multiples. Mary souhaite parfois que son mari, paralysé de la tête au pied depuis un accident de travail, meure et la libère et elle est rongée par le remord que lui causent ses pensées. Carol, Philip, Angela et Mary sont quatre personnes parmi des millions de gens prenant soin d’un proche ou d’un ami malade ou ayant des incapacités. Ce sont des aidants naturels. Ce ne sont pas tous les aidants naturels qui se sacrifient de la même façon qu’Angela, ou qui expérimentent le même niveau de détresse et de douleur qui teinte la vie de Carol, Philip et Mary. Mais l’expérience de devenir un aidant naturel est la réalité d’un nombre croissant d’individus à travers le monde.
En effet, le nombre de personnes malades ou ayant des incapacités exigeant de l’aide pour gérer leur vie de tous les jours s’accroit chaque année. Ceux qui sont âgés de plus de 80 ans forment le groupe présentant l’augmentation la plus rapide et étant le plus susceptible de présenter des incapacités et des maladies chroniques les empêchant de pouvoir accomplir leurs activités quotidiennes. Mais les personnes âgées ne forment pas le seul groupe de personnes ayant des incapacités dont le nombre est en hausse, étant donné que la technologie médicale moderne et la pharmaceutique sauvent et prolongent de plus en plus de personnes qui n’auraient