Les animaux malade de la peste
Fils d’un maître des eaux et forêts et d’une Françoise Pidoux de très bonne famille, il passa à Château-Thierry, ville somnolente de Champagne, une jeunese insouciante. À l’âge de vingt ans, il entra, à Paris, dans une des plus sévères congrégations religieuses, l’Oratoire. Cependant, au lieu de la Bible, il y lut “L’astrée” d’Honoré d’Urfé, roman pastoral peuplé de bergers amoureux qui était le best-seller de l’époque. À Paris, il découvrit les jolies femmes, le bonheur de la parole et de l’écriture, fréquentant un groupe de rimailleurs qui portaient un culte à Malherbe. Pour ne pas chagriner son père, il épousa une jeune fille de quatorze ans, Marie Héricart, de La Ferté-Milon ; mais, aimant trop l’indépendance, il l’oublia vite non sans dépenser la dot qu’elle lui avait apportée. La mort de son père lui permit d’hériter de sa charge de maître des eaux et forêts, qui lui laissait assez de loisirs pour fréquenter les salons ou lire, surtout les Anciens qu’il prendra pour modèles selon une «imitation originale».
Il composa :
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“Les animaux malades de la peste”
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu’il faut l'appeler par son nom),
Capable d’enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
À chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni loups ni renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie ;
Les tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil et dit : « Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune.
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il