Le 11 Septembre entre l’avant et l’après

À première vue, les attentats spectaculaires et meurtriers du 11 septembre 2001 constituent une rupture dans les relations internationales contemporaines, rupture aussi importante que le fut une décennie plus tôt l’effondrement du camp socialiste, la réunification de l’Allemagne et la disparition de l’URSS. Avant cet événement inattendu et brutal en effet, on annonçait l’entrée dans une longue période de paix. Les défis à relever étaient d’ordre économique et social – réorganisation des échanges économiques, mondialisation culturelle et sociale, intensification des rapports internationaux de toute nature.

On annonçait aussi une forme nouvelle de dépérissement de l’État, puisque les acteurs de cette société internationale en gestation étaient des firmes transnationales, des ONG, des sociétés civiles, et que les frontières semblaient vouées à une érosion qui préludait à leur effacement. La construction européenne pouvait au demeurant offrir un modèle et comme une anticipation de ce mouvement, puisque son idéal consiste à unir des peuples, non simplement à rapprocher des gouvernements.

Le 11 Septembre a replongé le monde et l’Europe dans un univers plus sombre et plus dangereux. La vision bénigne, pacifique et progressiste des sociétés civiles et des réseaux qui les animent se mue en vision maligne, de la criminalité, du terrorisme, du chaos rampant. Mais les réponses que suscitent ces défis renvoient quant à elles au passé – retour du primat de la sécurité, monopole des États dans la réplique, érosion des institutions internationales, climat de méfiance et de doute qui se substitue à la confiance qui avait été laborieusement développée au cours des décennies précédentes par le multilatéralisme, la maîtrise des armements, spécialement de destruction massive, logique de coalitions, de recours incontrôlé à la force armée qui remplace l’effort séculaire de limitation de l’emploi de la force dans les relations