Les avatars de l'enfant roi. entretien avec didier pleux
Nourris de plaisirs immédiats, mis à l'abri des frustrations, les « enfants rois », garçons ou filles, peuvent s'avérer des individus fragiles et parfois tyranniques pour leur entourage.
Le XXe siècle a sonné l'heure de « la libération des enfants (1) »...
Fini le temps des fouets, férules et autres cachots où l'on enfermait les récalcitrants au pain sec et à l'eau... Dans les pays occidentaux, l'éducation conçue comme un dressage a laissé progressivement la place à un modèle éducatif dans lequel l'épanouissement et l'autonomie de l'enfant sont devenus des préoccupations centrales. Au tournant des années 60, ce modèle « expressif » a d'ailleurs été encouragé par la diffusion de la psychanalyse (et particulièrement en France par Françoise Dolto) qui, en recommandant la permissivité, l'écoute, le respect de l'enfant, a mis en garde les parents contre tous les traumatismes qu'une éducation mal pensée pouvait occasionner, et par conséquent contre toutes les névroses qui guettaient ces futurs adultes...
Mais n'a-t-on pas poussé le balancier un peu trop loin, se demandent aujourd'hui certains éducateurs et psychologues ? Pour Didier Pleux, les enfants rois, garçons ou filles (dans ce domaine, la parité est respectée, nous affirme ce psychologue), se transforment parfois en véritables tyranneaux ou en petites reines qui perturbent leur entourage et se préparent à de multiples souffrances au fur et à mesure qu'ils doivent se confronter au monde (2)...
Sciences Humaines : Pouvez-vous donner une description de ceux que vous appelez les « enfants tyrans » ?
Didier Pleux : Avec l'enfant roi, on a donné un statut très fort à l'enfant : d'une part, avec les progrès matériels et la société de consommation, l'enfant devient gâté. D'autre part, il devient désiré, valorisé, stimulé et mis sur un piédestal. L'« enfant tyran » est issu de certains excès qui résultent de cette situation. Evidemment, les enfants ne sont