« Les aveugles » de Baudelaire Le poème « Les aveugles » de Baudelaire est un sonnet qui toutefois ne respecte pas les règles classiques. En effet, il n’y a pas de correspondance des rimes entre les deux quatrains (ABBA-CDDC et pas ABBA-ABBA), même si les rimes sont embrassées. Il est à souligner que le titre joue un rôle essentiel en tant qu’il informe le lecteur sur ce dont traite Baudelaire. En effet, le mot « aveugle » n’apparaît que comme le dernier mot du poème. Le lecteur peut deviner le sujet par le lexique (« globes ténébreux », etc.), mais ce n’est pas suffisant. Le titre est donc important à la compréhension du lecteur. Lors du premier vers, le poète interpelle son âme en lui demandant de contempler les aveugles (le lecteur devine qu’il parle d’eux par le titre). Il les désigne par un « ils » impersonnel. Le lecteur peut comprendre que le poète entretient une relation de complicité avec son âme tandis qu’il prend distance avec « eux » (ils). De plus, « contempler » induit le fait d’admirer le plus souvent quelque chose de beau. Or, la description qu’il dresse des aveugles est choquante (« ils sont vraiment affreux »), grotesque (« vaguement ridicule »). Il emploi un lexique péjoratif, ce qui peut laisser penser qu’il est cruel, voire qu’il se moque d’eux. Cela est perceptible par cette comparaison : « Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules », ou par cette périphrase « leurs globes ténébreux » pour parler de leurs yeux. Dans les deux strophes suivantes, il les place à mi-chemin de la mort. En effet, il emploie des termes qui se rapportent à celle-ci (« d’où la divine étincelle est partie », « le noir illimité, Ce frère du silence éternel » Le poète personnifie le noir). Le rythme du poème est saccadé, par des phrases hachées, comme la démarche des aveugles telle celle des mannequins. Le poète s’identifie à eux dans une exclusion commune de la société (« pendant qu’autour de nous »). En effet, la « cité » peut se rapporter à toute l’humanité qui