Les Aveyronais de Paris : description d'un français du Midi parisianisé
Elissa Pustka
Ludwig-Maximilians-Universität, Munich & MoDyCo UMR 7114, Université de Paris X - Nanterre
Courriel : elissa.pustka@romanistik.uni-muenchen.de
1. Paris-terroir et Paris-creuset
Depuis le Moyen-Âge, la région parisienne forme un melting pot, dans lequel ce ne sont pas les Parisiens de souche, mais les Parisiens d’adoption qui constituent la majorité de la population (cf. Lodge 1998, Walter 1998, Pinçon/Pinçon-Charlot 2004). Ce brassage de populations conduit à un ‘mélange’ de langues et de variétés qu’on appelle koinéisation. Le français lui-même est basé sur un tel amalgame de dialectes romans au Moyen-Âge (cf. Lodge
1998) et on peut considérer encore aujourd’hui Paris-creuset comme le moteur de la langue française (Walter 1998).
Paris
12 Aveyron
15 Cantal
19 Corrèze
43 Haute-Loire
46 Lot
48 Lozère
63 Puy-de-Dôme
19
63
15 43
46
12
48
Aubrac
Figure 1 : L’Auvergne vue de Paris (Pustka 2007a : 95)
Le groupe de migrants internes le plus important dans la capitale française est celui des
‘Auvergnats’. Sous cet ethnonyme, les Parisiens regroupent les originaires de l’Aveyron, du
Cantal, de la Lozère, du Lot, de la Corrèze, de la Haute-Loire ainsi que du Puy-de-Dôme (cf. figure 1). Du fait de leur présence numérique1, les Aveyronnais – surtout ceux venant de la région montagneuse de l’Aubrac dans le nord du département – sont considérés par les
Parisiens comme Auvergnats de Paris par excellence. On parle souvent d’une véritable ‘mafia aveyronnaise’, qui se réunit dans des amicales de village, des groupes folkloriques, un foyer de jeunes travailleurs et même une propre paroisse. L’« Auvergnat », indissociable du métier de bougnat, marchand de vin et charbon, constitue un véritable mythe parisien, immortalisé entre autres dans Le Bouclier Arverne d’Astérix et la « Chanson pour l’Auvergnat » de
Georges Brassens. Après la deuxième