Les bon de tresor
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POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET TAUX D’INTÉRÊT
Bruno Ducoudré *
Doctorant au Département économie de la mondialisation de l’OFCE
Depuis les années 1970, la montée des déficits et des stocks de dette publique a conduit les économistes à soulever la question de leurs effets sur les taux d’intérêt. La dette croissante et les déficits récurrents auraient engendré des pressions inflationnistes, ce qui aurait contraint les banques centrales à augmenter le taux de court terme. Les marchés financiers anticipant la persistance de ces tensions, cela conduirait à une hausse des taux longs et à des effets d’éviction. Cet article analyse les effets de la politique budgétaire sur les taux d’intérêt d’un point de vue théorique et empirique. Ces effets reposent principalement sur l’hypothèse de plein emploi, le type de politique budgétaire menée et les anticipations des agents la concernant. L’estimation des effets des variables de politique budgétaire dans les fonctions de réaction des banques centrales et dans les équations de taux de long terme pour les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon sur la période 1980-2003 montre que ces effets ne sont pas automatiques et varient d’un pays à l’autre. Globalement, les politiques budgétaires n’auraient pas provoqué de hausse des taux d’intérêt réels sur la période.
* Je remercie Henri Sterdyniak, pour ses conseils, ainsi que Jérôme Creel pour ces commentaires sur une version préliminaire de ce travail. Je suis seul responsable des omissions et erreurs éventuelles. Bruno.ducoudre@ofce.sciences-po.fr.
Octobre 2005
Revue de l’OFCE 95
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Bruno Ducoudré
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a montée des déficits et des dettes publics depuis le milieu des années 1970 a conduit les économistes à s’interroger sur l’impact qu’ils pouvaient avoir sur les taux d’intérêt. Selon une thèse très répandue, la dégradation des finances publiques aurait entraîné une