Les cannibales
«n’ayant en fait d’armes que des arcs ou des épées de bois, aiguisées à un bout à la façon des fers de nos épieux»
«Ce n’est pas, comme on pense, pour s’en nourrir, ainsi que faisaient, dans l’Antiquité, les Scythes; c’est pour figurer une extrême vengeance.»
«trophée personnel»
«une pluie de traits»
«tueries» «effusions de sang» «massacrent» «rôtissent» «déchirer» «tortures» «supplices» «mordre «mettre à mort»
Comparaison
Comparaison
Métaphore
Métaphore
Champ lexical de la cruauté
Grâce à la comparaison, qui rapproche ici deux matériaux aux propriétés inégales, Montaigne souligne à la fois la vulnérabilité militaire et l’immense courage des Cannibales. Le bois étant moins solide que le fer, les armes des Cannibales sont donc moins efficaces que celles des Européens. Les combats des Cannibales n’en finissent pas moins en «tueries» sanglantes qui témoignent d’une absence totale de peur. Aussi, si la cruauté des indigènes peut provoquer l’indignation du lecteur, elle n’est pas toute négative, celle-ci étant partiellement relativisée par leur bravoure.
Grâce à cette comparaison, qui rapproche, pour les opposer, la raison de la pratique cannibale d’un peuple de l’Antiquité de celle des soi-disant cruels indigènes, Montaigne justifie les gestes des «barbares». Le cannibalisme américain n’a pas l’alimentation pour objectif, mais la symbolisation d’un rapport à l’ennemi. Ainsi, Montaigne reconnaît aux Cannibales du Brésil une forme de pensée que les Européens de la Renaissance leur niaient.
Ici, la métaphore du «trophée», qui consiste à remplacer la tête de l’ennemi par un objet qui symbolise la victoire, a pour fonction de mettre en évidence la cruauté des Cannibales. Montaigne souligne ainsi leur appétit mesquin pour la victoire et leur goût du spectacle, préparant le lecteur au parallèle qu’il va ensuite établir avec la cruauté des Européens. Plus la cruauté des Cannibales sera amplifiée, plus celle des Européens,