LES CAPRICES DE MARIANNE
Comédie en deux actes et en prose d’Alfred de Musset (1810-1857), publiée à Paris dans la Revue des Deux Mondes le 15 mai 1833, et en volume dans Un spectacle dans un fauteuil à la Librairie de la Revue des Deux Mondes en 1834 et dans les Comédies et Proverbes chez Charpentier en 1840. Une édition remaniée pour la création à la Comédie-Française en 1851, parut la même année.
La pièce emprunte aux comédies de Shakespeare — dont Musset était un lecteur passionné — non seulement une atmosphère de féerie mais encore un élément de l’intrigue et jusqu’au nom de quelques personnages (Claudio, Hermia et Rosalinde). On trouve en effet dans la Nuit des rois le schéma directeur des Caprices: la jeune femme convoitée s’éprenant de l’ami entremetteur. La lecture d’une nouvelle de Tieck, Liebeszauber [l’Enchantement de l’amour] parue dans la Revue de Paris en 1832, a pu fournir le couple d’amis à la fois fidèles et opposés; le Décaméron de Boccace, que Musset connaissait bien, présentait l’histoire de deux amis dont l’un, au seuil d’une victoire amoureuse, se sacrifiait au profit de l’autre. Le scénario commun à ces sources diverses permettait à Musset d’incarner dans les personnages de Cœlio et d’Octave, comme il le dit lui-même dans sa correspondance avec George Sand, une dualité profondément ancrée en lui et que l’on retrouvera toujours dans son théâtre.
Résumé
Marianne, la jeune épouse du vieux juge Claudio, chasse l’entremetteuse Ciuta venue l’assurer de l’amour de Cœlio et celui-ci sombre dans le désespoir jusqu’à ce que son ami Octave — cousin de Marianne — lui apporte son aide. Claudio, jaloux, décide de faire venir un spadassin. Face à Marianne qui affirme sa fidélité, Octave essuie un échec. La mère de Cœlio tente de soulager son fils en obtenant ses confidences; elle lui apprend qu’elle était jadis tombée amoureuse de son futur mari alors que celui-ci intercédait pour un ami, et que, se croyant trahi, l’ami s’était tué. De son côté,