Les chartreux

D’après

Guilbert de Nogent : « Saint Bruno et les premiers chartreux »

Et

Dom le Couteulx : affiliation de Prébayon à l’ordre des chartreux

Le Moyen Age est l’âge d’or du monachisme ; les ordres monastiques exercent un profond ascendant, ils représentent, aux yeux de leurs contemporains, un idéal religieux. Le monachisme bénédictin, suivant la règle de Saint Benoît de Nursie (534), est à la base du succès monastique dans la société médiévale occidentale. Les moines se consacrent à la louange divine, à la prière et à la célébration d’offices (les Heures canoniales), adoptant un mode de vie cénobitique. Cluny, fondé en 909-910, reste le plus célèbre représentant du monachisme bénédictin. Pourtant, aux XI et XIIeme siècles, un vaste mouvement s’accomplit au sein du clergé régulier qui se traduit par la création de nouveaux ordres religieux. La mise en place d’un « nouveau monachisme » s’accompagne d’un renouveau canonial. Beaucoup considèrent que les monastères bénédictins ne vivent pas assez en marge de la société, et qu’ils ont dénaturé la règle en réduisant sa rigueur. Ils souhaitent, sans chercher à rompre avec le système bénédictin, ni avec sa spiritualité, réinterpréter la Règle dans le sens de l’ascèse, à savoir fuir le monde, vivre dans des lieux isolés, s’astreindre à une pénitence rigoureuse, dans la pauvreté et le dénuement, méditer à la fois la misère de l’homme et l’amour de Dieu. L’ordre des chartreux s’inscrit dans le cadre de ce renouveau monastique. Les textes qui nous sont proposés permettent d’appréhender ce qu’était être chartreux au Moyen Age. Le premier, intitulé « Saint Bruno et les premiers Chartreux », est un récit extrait de l’autobiographie de Guilbert de Nogent (1053-v.1124), abbé de Nogent-sous-Courcy. Ce dernier, bien qu’il soit surtout resté célèbre pour sa chronique de la première croisade, livre dans ce texte un précieux témoignage sur l’organisation d’un monastère Chartreux tel que le souhaitait