Les chaînes
Sous l’empereur Théodose, Eudoxie, sa fille, acheta à Jérusalem, les deux chaînes avec lesquelles Pierre fut lié sous Hérode. De retour à Rome, elle offre ces liens au pape Pélage. Celui-ci avait en sa possession la chaîne utilisée sous Néron pour lier Pierre. Ces trois chaînes réunies n’en formèrent plus qu’une « comme si elle n’eut pas été composée de différentes pièces » dixit « la Légende dorée » de Jacques Voragine. Ainsi même déposée la chaîne reste active.
En hébreu, on utilise deux mots pour signifier « chaîne ».
Le premier PHEREC (Phé-Resch-Koph) a pour valeur 380. Le mot ICHA ayant la même valeur signifie « délivrance » d’où l’on peut dans un premier temps tirer une lapalissade : « nul ne peut être délivré s’il n’est au préalable enchaîné. » mais aussi et surtout que l’on ne peut être libre sans chaîne. La chaîne de foi pour les croyants, la chaîne de vie, la chaîne d’amour, la chaîne familiale… voilà les chaînes qu’il nous faut porter.
Le second mot utilisé pour désigner la chaîne est KEBEL (Caph-Beth-Lamed) de valeur 52.
Ce même mot a aussi pour signification « âge de raison » d’où la chaîne, synonyme d’âge de raison, c’est la morale, la discipline, la compréhension. La valeur 52 nous rappelle le mot BEN signifiant « Fils ».
Le Fils, le Libérateur, le Fruit. Il est issu de l’action paternelle et virile du Beth de la création (première lettre de Bereshit) de valeur 2 et de sa propre semence, le noun dont le sens hébreu est justement le fruit mais qui placé en fin de mot donne toute l’extension possible à ce qui précède. Ainsi pour la guématrie hébraïque, le fils est le prolongement du père. Tout comme la chaîne est un prolongement de nous-mêmes. Nous portons les chaînes que nous nous forgeons.
Nous sommes bien arrivés ici enchaînés et on nous a délivrés. Et avec ce que l’on vient de voir en guématrie cette phrase pourrait aussi bien être tournée ainsi : « Nous sommes arrivés ici libérés et nous nous sommes enchaînés. »