Les classes laborieuses en angleterre de 1832 à 1852
Etre laborieuses au sens d’ industrieuses, toutes les classes sociales britanniques ne le prétendent-elles pas peu ou prou au cours de l’ère victorienne inaugurée en 1837 ? En effet Victoria, par le style économe et vertueux de la Cour, introniserait l’éthique bourgeoise du labeur, tout à la fois garant de l’enrichissement et remède contre les vices, à l’opposé de l’éthique nobiliaire de la dépense et du loisir. En 1851, à l’ouverture de la première Exposition universelle de l’industrie, le Royaume ne se présente-t-il pas comme une gigantesque ruche, du Prince organisateur aux charpentiers, en passant par les capitaines d’industrie ? Cependant, à la suite des analystes contemporains comme Engels dans Les conditions de la classe laborieuse en Angleterre (1845), il nous faut opposer classes laborieuses et classes non laborieuses . Laborieuses celles dont les individus peinent sans grand profit personnel dans un travail manuel directement productif, soit au total autour de quatre Britanniques sur cinq ; ensemble de groupes dont les frontières supérieures ne sont ni juridiques ni linéaires, aux confins du peuple (« upper-lower class ») et de la bourgeoisie (« lower-middle-class »). Classes, parce que les individus sont regroupés par les observateurs ou par eux-mêmes en catégories partageant des points communs, se distinguant des autres classes , par leur qualification, leur revenu, leur résidence, leur secteur d’activité, leur statut juridique : sommairement la paysannerie laborieuse, la classe ouvrière salariée, les micro-entrepreneurs. Diverses, ces classes laborieuses s’unissent-elles autrement que dans le regard des classes dirigeantes, qui les célèbrent d’autant plus lors de l’Exposition qu’elle les ont craintes depuis 1837 ? Si les classes laborieuses sont divisées par leurs fonctions (I) , elles sont victimes d’une commune précarisation (II), d’où des lutes pour améliorer leur quotidien (II).