Salaire qui stagne, démonétisation des titres scolaires, ascension sociale difficile, déclassement intellectuel, moral en baisse : voilà ce qui caractérisent les classes moyennes depuis plusieurs années. En effet, elles doivent aujourd'hui faire face à des incertitudes : celle concernant l'avenir de leurs enfants, celle concernant leur capacité à se loger, celle concernant leur place dans une société qui les situent entre les pauvres d'un côté et les riches de l'autre. Pourtant, cette expression est loin de désigner un ensemble cohérent et organisé dans la mesure ou elle est plutôt composée de groupes sociaux différents. Au début du XIXème siècle, la classe moyenne est ainsi assimilée à la bourgeoisie, encore dominé par l'aristocratie. Gambetta annonçait en 1872, dans un discours à Grenoble, l'avénement politique d'une "couche sociale nouvelle". Aujourd'hui, elle regroupe des catégories aux niveaux de vie très éloignés.

Pour Louis Chauvel, auteur du livre Les classe moyennes à la dérive, " de la question de l'école à celle des retraites, de la santé au problème des salaires, la difficulté à poser collectivement les enjeux de long terme incite chacun à recourir à des solutions purement individuelles : écoles privées ou filières d'élites, fonds de pension, résidences fermées, assurances santé, etc....". Les classes moyennes seraient ainsi confrontées à une incertitude grandissante, l'obligeant à élaborer des stratégies individuelles.

S'agit-il d'une crise de classe ou plutôt d'une crise générale affectant toutes les couches de la société française ?

1 Essai de définition des classes moyennes

La définition traditionnelle

Selon une définition traditionnelle, la classe moyenne peut être définie comme celle composée des citoyens moyens au sens arithmétique du terme. Elle regrouperait ceux dont le pouvoir d'achat est modéré, lui permettant de vivre ni dans la misère ni dans le luxe. Elle est dotée d'une capacité d'autofinancement, mais ne dispose pas