Les collectivités territoriales face aux grands enjeux culturels
A – Première observation : l’ambition civilisatrice initiale de la politique culturelle a été détournée en consommation culturelle pour un certain public.
1 – En terme quantitatif, la politique culturelle en France a donné de bons résultats, du moins en matière d’offres culturelles sur le territoire. Il y a effectivement plus de « clients » fréquentant des équipements culturels, eux mêmes de plus en plus nombreux. [2]
2 – Par contre, en terme de signification politique, la confusion est grande. Les élus continuent à justifier les interventions culturelles publiques par la nécessité de « favoriser l’accès de tous à la culture » mais depuis que les statistiques sur les pratiques culturelles des français existent, la consommation des équipements est loin de concerner « tous les français » ; les « clients » sont globalement des « urbains » et des « diplômés ». Le message politique justifiant les dépenses culturelles par la nécessité de « réduire les inégalités culturelles » ne convainc plus que ceux qui veulent y croire. [3]
3 – Pire surtout, 23% des français ont des pratiques culturelles qui ne croisent jamais les offres proposées par la politique culturelle et 29% n’ont qu’une fréquentation « exceptionnelle » des salles de spectacles et des lieux d’exposition. Comment les considérer ? Selon une tradition intellectuelle qui est parfaitement bien ancrée dans les partis de gauche, ces personnes sont présentées comme des « exclus de la culture », soumis aux manipulations de la culture de masse orchestrée par les multinationales. Ce sont des victimes sociales d’un « handicap culturel » qu’il faut guider vers la « vraie » culture. [4]
Mais, ce discours peut-il tenir longtemps en dehors du « cercle des initiés »? Les élus locaux savent bien que ces 53% de français qui n’éprouvent aucun ou très peu d’intérêt pour l’offre de produits choisis par la politique culturelle sont des citoyens et des électeurs à part entière,