Les cyniques comme critique de la culture/présentation du cynisme
Si l’on prend la définition du Petit Larousse, au mot « cynique », on obtient : qui s’oppose effrontément aux principes moraux et à l’opinion commune ; impudent, éhonté. Ce qui semble remarquable est que la signification qu’on attache à ce terme provient directement de la pensée de l’école fondatrice du « cynisme », mouvement contestataire, né au IVème siècle avant JC, autour de Diogène de Sinope, dit le « chien », et de ses disciples. Le mot cynique, qui aujourd’hui peut être utilisé dans le langage courant, a donc pris tout son sens il y a plus de deux mille ans. Au fil des siècles, s’est effacée la légende de Diogène et de son tonneau, mais jamais la critique virulente qu’il a pu donner de la société grecque. Nous avons oublié les figures du cynisme, mais pas sa philosophie. C’est formellement au Vème siècle après JC, que le courant meurt en même temps que son dernier représentant, Saloustios, philosophe grec très proche du néoplatonicien Proclus. Mais après, ce sont foules d’écrivains, d’artistes et de penseurs, se sentant proches du cynisme, sans pour autant appartenir à cette école, qui en perpétueront les valeurs. Aux origines du cynisme, se constate un lien très fort avec le mouvement socratique et platonique. Il faut bien voir que les deux courants de pensée se sont fixé comme quête, une recherche individuelle de la véritable sagesse. Antisthène, le père du cynisme (celui-ci discourait et s’exerçait au gymnase des « cynosarges », d’où l’origine du mot « cynique »), fut l’un des élèves de Socrate.
La critique cynique s’étend à tous les domaines, politiques, moraux, religieux, littéraires et philosophiques. Elle est une contestation radicale de toutes les valeurs traditionnelles et prône une voie courte pour accéder au bonheur, qui consiste en une ascèse physique dont la finalité est morale. Julien, cynique romain de l’époque impériale parlait de la connaissance de soi et des rapports entre l’âme et le corps.