Figures du poète

(notes)

Observer les "figures", ou la figuration du poète dans ses oeuvres, c’est s’intéresser à sa représentation, ses images, et, à travers ces figures, à quelques-uns des principaux mythes de la création poétique. Le poète n’est pas seulement l’homme ou la femme qui écrit des poèmes. C’est aussi une figure à l’identité changeante et dont le statut varie au fil de l’histoire. Poète, c’est une image, un statut, une « fonction » : interroger la fonction du poète, c’est d’abord interroger sa fiction. En fait, derrière la figure et la représentation, sont ainsi observées la fonction du poète et la valeur de la poésie même. C’est là, en effet, une manière indirecte de poser la question « Qu’est-ce que la poésie? », en s’intéressant à la représentation de celui qui la fait, puisqu’une définition de la poésie est en jeu dans cette représentation. On peut plus ou moins poser comme équation de départ : figure du poète = fonction du poète. Nous sommes en présence de mythologies, en tant que le mythe est une fable qui dit une origine, une fable qui fonde une signification. Quand Victor Hugo ouvre en 1839 Les Rayons et les ombres par un très long poème intitulé « Fonction du poète » (voir ci-dessous), il développe ainsi un portrait, une allégorie du poète en « rêveur sacré » au « front éclairé » qui « rayonne » et « jette sa flamme », ayant à la fois pour objet de proclamer sa responsabilité et sa valeur (dévoiler la vérité) d’affirmer sa condition (refuser la tentation de la solitude et travailler dans le sens du salut social), et de définir du même coup la poésie elle-même:
« Car la poésie est l’étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs » Ce rapide exemple le vérifie : la figuration du poète et la définition de la poésie sont étroitement solidaires. Cet exemple propose notamment une figure de la poésie comme annonce d’une nativité, d’un nouvel âge du monde : elle suppose une figure du poète en mage ou en prophète. Si la