Les dynamiques urbaines à Bogota : L’exemple d’un quartier autoconstruit, Rincon de Suba.
Philippe Viguier, Groupe de Développement de Géographie de l’IUFM d’Aix-Marseille. Conférence à l’IUFM d’Aix-Marseille, le 2 avril 2008. Bogota fait partie de ces villes dites « du Sud » marquées par ce que nos manuels décrivent comme une « explosion urbaine ». De 640 000 habitants en 1950, la capitale colombienne est en effet passée à plus de 7 millions d’habitants aujourd’hui. Les « dynamiques urbaines », pour faire référence à un titre de chapitre du programme de seconde, y sont donc particulièrement intenses. Plutôt que d’aborder cette problématique à l’échelle de l’agglomération, j’ai fait le choix de me focaliser sur un quartier, dénommé Rincon de Suba. Il s’agit d’un quartier populaire, autoconstruit, situé au nord-ouest de la ville, dont l’évolution permet de mettre en évidence certaines des dynamiques à l’œuvre pour l’ensemble de Bogota. Rincon permet en effet d’observer la croissance de la ville à partir d’un quartier périphérique et de s’interroger sur les acteurs de cette croissance au travers du phénomène de l’autoconstruction. Il permet aussi de s’intéresser à l’intégration des nouveaux quartiers à la ville et aux difficultés qu’elle pose. S’agit-il au bout du compte des dynamiques d’une « ville du Sud », ou plutôt de celles d’une mégapole ?

Pourquoi ce quartier est-il un quartier populaire ? Il y a cinquante ans, Rincon est un hameau rural à l’écart du village colonial de Suba. Etymologiquement, Rincon, signifie le coin, parce qu’effectivement, le hameau et les terres qu’il cultive forment un angle un peu isolé entre une colline, une rivière et une zone marécageuse et qu’il s’agit d’un lieu mal desservi, notamment en direction de Bogota, située à une douzaine de kilomètres plus au sud. Logiquement, c’est sur cette terre ingrate que les « hacenderos », descendants des colons espagnols, ont relégué les indiens Muiscas.

Or dans la société colombienne