Les enfants sauvages
« C’est une idée désormais conquise que l’homme n’a point de nature mais qu’il a – ou plutôt qu’il est – une histoire« . MALSON part donc d’un constat. Cette thèse existentialiste est-elle une évidence pour tout un chacun ? Rien n’est moins sûr. Combien pensent encore que l’homme naît avec une grande part de facultés déjà constituées
? S’il défend l’évidence de cette thèse, MALSON va néanmoins assoir cette thèse sur l’analyse des « enfants sauvages », c’est-à-dire d’enfants qui se sont retrouvés à l’état sauvage très jeunes, avant même d’avoir appris au sein de la société des hommes.
L’humanité est conçue par MALSON comme une « structure de possibilités, voire de probabilités qui ne peut passer à l’être sans contexte social, quel qu’il soit« . Autrement dit, l’homme est un animal politique (Aristote). En dehors de la cité, l’homme n’est plus vraiment homme, en dehors de la cité, l’homme reste un animal. L’hérédité n’est pas d’ordre psychologique : les caractéristiques et compétences psychologiques se transmettent grâce à l’éducation. MALSON distingue d’ailleurs ici l’hérédité (physique, biologique) et l’héritage (psychologique) : « La nature, en l’homme, c’est ce qui tient à l’hérédité, le culturel c’est ce qui tient à l’héritage« . Bref, pas d’hérédité psychologique, ni au niveau de l’individu, ni au niveau de l’espèce : on ne nait pas homme, on le devient.
Chapitre 1 : l’hérédité de l’individu et l’hérédité de l’espèce
MALSON commence dans ce premier chapitre par examiner la notion d’hérédité au niveau de l’individu. Sa thèse, encore une fois, est qu’il n’existe pas d’hérédité psychologique en l’homme pris comme individu. Les idées, la morale, les croyances ne se transmettent pas spontanément entre parents et enfants. On ne nait pas intelligent ou idiot, ni croyant ou athée, ni bon ou mauvais : ces qualités relèvent de la culture, de l’éducation. La seule transmission spontanée est d’ordre biologique : je nais blond ou