Les enfants surdoués
«Tu vois, c'est Dieu qui a créé la Terre, les montagnes, l'eau... Heureusement, sinon on serait dans le vide !» Cette réflexion faite par Sophie, 7 ans, à sa petite sœur traduit bien l'originalité de la pensée des enfants surdoués. Sophie a un quotient intellectuel (QI) de 152. On parle de surdoués à partir de 130 (voir encadré). «Ce sont des enfants dont l'intelligence n'est pas seulement différente en termes de QI, mais aussi en termes d'organisation et d'émotions», explique Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne et auteur de L'Enfant surdoué. L'aider à grandir, l'aider à réussir (Odile Jacob).
Architecture cérébrale
Les surdoués - préférez l'expression «enfants à haut potentiel» - sont comme dotés d'office d'un ordinateur de dernière génération et du haut débit, là où les autres dis- posent de connexions plus classiques et d'un matériel plus modeste. «Ils ont une archi- tecture cérébrale différente, mais c'est surtout le fonctionnement qui est original, en rai- son de l'hyperconnectivité des réseaux neuronaux, ajoute la psychologue. La pensée est plus créatrice, plus complexe, plus intriquée avec l'affectif, mais elle est aussi plus diffi- cile à organiser, à structurer», prévient Jeanne Siaud-Facchin.
Les parents ne s'en rendent pas toujours compte tout de suite et le diagnostic peut même tomber lorsqu'un enfant (surdoué méconnu) est en échec scolaire, ce qui arrive tout de même à un surdoué sur trois. «Le cliché auquel on se heurte le plus souvent, tant dans l'Éducation nationale que du côté des professionnels de santé, c'est de penser qu'un enfant à haut potentiel est forcément en réussite scolaire», insiste le Dr Sylvie Tordjman, pédopsychiatre (Centre national d'aide aux enfants et adolescents à haut po- tentiel, Rennes). L'auteur d'Aider les enfants à haut potentiel en difficulté (PU Rennes) inter- viendra d'ailleurs lors du symposium international que l'Association nationale pour les enfants