Les etats providence dans les pays développés
Pour ESPING-ANDERSEN, dans « Les trois mondes de l'Etat-Providence » (1990), il existe trois modèles de protection sociale dans les pays riches : Anglo-saxon (USA, Royaume-Uni, Australie) : centré sur le marché, l'individu tire sa protection du travail (l'Etat n'intervient qu'en cas de grave défaillance du marché) Nordique (Suède, Norvège, Danemark) : centré sur le secteur public universaliste, les prestations s'adressent à tous sans tenir compte ni des revenus, ni de la situation professionnelle ou familiale D'Europe continentale (France, Allemagne, Italie, Espagne ...) : l'Etat y est dominant mais la famille a un très fort poids en particulier pour les soins apportés aux enfants et aux personnes âgées.
Un pays qui consacre une part significative de son PIB aux prestations sociales n'est pas forcément un Etat-Providence avancé (ex : à qui vont les prestations ?).
Les Etats-Providence démarchandisent l'individu c'est-à-dire protègent de la dépendance exclusive au marché (éducation, retraite, arrêt-maladie …). Ils permettent à chacun de vivre décemment même quand il ne peut pas travailler.
La protection sociale peut venir du marché par le travail (revenus, retraite, assurance-maladie …) mais elle peut aussi venir de la famille ou de la l'Etat (et de ses diverses prestations sociales). Le régime d'Etat-Providence est un arrangement spécifique entre ses trois piliers.
Les Etats-Providence sont des « agents de stratification ». Par la manière dont ils distribuent les prestations, ils tendent à reproduire (régimes continentaux ou corporatistes, par exemple, les systèmes de retraite sont hiérarchisés en fonction de la position professionnelle) ou atténuer les hiérarchies (comme dans les régimes nordiques où l'accès aux diverses prestations varie peu selon les différents groupes sociaux, « the people's pension »). Dans le modèle anglo-saxon, la stratification est duelle,