Les films horrifique de Michael Curtiz
« Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier […]. Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel ».
Introduction à la littérature fantastique, Tzvetan Todorov.
Des ténèbres des événements « surnaturels » de la Grande Dépression, surgit le cinéma fantastique hollywoodien, au début des années 30, avec ses Frankenstein et Dracula, ces monstres qui incarnent, cristallisent et déforment des peurs et des tensions sociales et idéologiques, pendant l’une des périodes les plus noires des Etats-Unis. Tout au long de son histoire, les grandes vagues du cinéma de fantastique américain (film d’horreur des années 30, science-fiction pendant les années 50, filmcatastrophe dans les années 70 et plus récemment le film de catastrophe écologique) dévoilent toujours la même volonté : dévier les difficultés sociales, politiques et économiques en les transférant sur le plan imaginaire. Le film d’horreur devient ainsi, avec ses fantasmes et ses « génies fous », une métaphore, un étonnant kaléidoscope des cauchemars, mais aussi des espoirs des spectateurs.
Fait peu surprenant, si on se rend compte de la filiation du gothique européen et du cinéma expressionniste au fantastique américain, les
Européens d’Hollywood figurent en bonne place parmi les praticiens du genre. Jean-Loup Bourget parle de cette « tendance à spécialiser, voire à cantonner, les cinéastes européens dans un genre où ils sont censés exceller ».
Bien qu’il fût loin du mouvement expressionniste allemand à ses débuts, Michael Curtiz, « Mike que faisait tout » d’après son confrère
William Dieterle, signera quatre films horrifiques pour la Warner - studio
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qui explora très rarement le genre. Le cinéaste hongrois y