Les fleurs du mal
Comparé à la puritaine Angleterre victorienne, Paris, sous le Second Empire, est un havre de tolérance où la grivoiserie des pièces de Jacques Offenbach, qui fait l'apologie de l'adultère, du ménage à trois ou des bacchanales orgiaques, ne semble choquer personne. Mais Baudelaire frise la pornographie dans des vers comme :
Dans Les Bijoux:
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Dans Le Léthé, la « crinière » ne laisse personne dupe :
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l’épaisseur de ta crinière lourde ;
Dans tes jupons remplis de ton parfum
Le sadisme de À celle qui est trop gaie est sans détour et les lèvres en question trop sexuellement évidentes :
Ainsi je voudrais, une nuit, (…)
Comme un lâche, ramper sans bruit,
(…) Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,
Et, vertigineuse douceur !
À travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T’infuser mon venin, ma sœur !
En comparaison, on s'étonnerait presque de la censure concernant Lesbos, un hymne sans fard à la poétesse Sappho mais sans provocation non plus.