Les formes de relations
Nous vivons dans une époque que se prétend une ère de la « communication ». On nous répète sur tous les tons que nous vivons un monde qui dispose de moyens de communication extraordinaires, dont ne disposaient pas les générations précédentes. L’argument tend à nous persuader que, grâce à des moyens techniques modernes, les hommes ont changé de condition et qu’ils sont enfin en relation les uns avec les autres.
Mais l’éloge de la communication recoupe beaucoup d’ambiguïtés. Il y a d’abord la confusion qui est faite avec l’information. L’information va à sens unique d’un sujet vers un autre sujet. A proprement parler, la radio et la télévision ne sont pas des instruments de communication, mais des outils d’information. On ne peut pas discuter avec la télévision ! C’est plutôt le contraire, on la subit assez passivement. La communication suppose une information réciproque. Cela veut dire que deux sujets échangent, partagent du sens. D’autre part, si on éprouve un tel besoin irrépressible de communiquer, c’est peut-être justement sur le fond d’une réalité de fait qui est la tragédie de l’incommunicabilité ! l'absence de relation.
Mais avons-nous conscience de ce que suppose une véritable relation ? Ce qui est en question est-ce seulement les « moyens » de la communication ou bien est-ce davantage ?Qu'est ce qu'une relation authentique avec autrui ?
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A. Isolement et solitude
Parcourons les degrés de la relation avec l’autre. Le plus bas degré, c’est peut-être celui du sentiment de l’isolement. On se sent isolé quand on souffre d’un sentiment de démarcation vis-à-vis des autres que l’on ne peut effacer. Il y a d’un côté les autres et puis il y a moi qui me sent seul parce que je ne me sens pas enveloppé de la présence de la communauté des hommes. Ainsi de la personne âgée qui vit seule chez elle et qui, ne supportant pas son sentiment d’isolement, allume la télévision du matin au soir,