En France, il existe comme un lien indissociable entre la République et la pratique démocratique du pouvoir. Pourtant, dans la majorité des Etats européens la démocratie n’a pas été amené par la République mais bien par la monarchie parlementaire. Ce lien particulier trouve son origine dans la Révolution française qui a permis l’instauration, le 21 septembre 1792, de la Première République. Cet héritage de la Révolution Française est essentiel dans la compréhension du XIXème siècle puisqu’il a donné à l’idéal républicain sa base et son souffle mais a également renforcé les thèses des adversaires de la République en liant pour longtemps l’image de la ce type de régime à la Terreur et à la barbarie sanglante.

En 1870, lorsque la mise en place d’un nouveau régime est rendue nécessaire par la défaite de Napoléon III à Sedan, la France a déjà connu par deux fois l’expérience républicaine. Cependant, que ce soit en 1792 ou en 1848, ces expériences se sont soldées par des échecs et la République est tombée dans les mains de Napoléon Ier puis de son neveu Louis-Napoléon Bonaparte se muant finalement en régime impérial. Le 4 septembre 1870, lorsque la République est de nouveau mise en place, nombreux sont donc ceux à douter de la pérennité et de la pertinence d’un tel régime. Pourtant la IIIème République va être le premier régime à s’imposer dans la durée depuis 1789. A la veille de la première guerre mondiale, le régime apparaît stable et les Français semblent ralliés à la République. Il s’agit donc de nous interroger sur l’évolution de la mentalité des Français entre 1870 et 1914 :

L’adhésion du peuple français au modèle républicain s’est-elle effectuée de manière spontanée ? Ce régime a-t-il été unanimement accepté ? Par quels outils les républicains ont-ils encouragé l’adhésion des Français à la République ?

Si de 1870 à 1877, la « république des ducs » selon Daniel Halévy est une période paradoxale où la République ne fait pas l’unanimité, nous allons voir