Les inégalités sociales de santé
« Réduire les inégalités de santé est un impératif éthique. L’injustice sociale tue à grande échelle » [1]
Dans de nombreux pays, on constate une forte corrélation entre milieu social et niveau de santé. C’est particulièrement le cas en France : qu’il s’agisse du niveau de la mortalité, morbidité, de recours aux soins ou de la prévention, il apparait d’importantes différences selon les milieux sociaux, les origines, les professions, le sexe.
Il existe une évolution favorable de la santé des français : de nombreux indicateurs de santé le prouvent. Cependant, ils ne rendent pas compte des inégalités sociales de santé c'est-à-dire des inégalités de santé par rapport au niveau social de la population, qui sont pourtant importantes et qui se sont aggravées : la France est ainsi mal classée par rapport aux autres pays de l’Europe de l’Ouest [2].
En France, l’espérance de vie à la naissance a augmenté et se situe en 2008 à 77,6 ans pour les hommes et 84,4 ans pour les femmes [3]. Cependant, des inégalités sociales de mortalité se sont aggravées ces trente dernières années. Ainsi, sur 1991-1999, l’espérance de vie à 35 ans est de respectivement pour les hommes cadres de 7 ans supérieur par rapport à un ouvrier et 3 ans supérieur par rapport à un artisan (femmes cadres de 3 ans supérieur par rapport à une ouvrière et 1 an supérieur par rapport à un artisan) [4]. Cet écart est encore plus important en considérant l’espérance de vie sans incapacité [5] car, à 35 ans, les hommes cadres supérieurs peuvent espérer encore 10 ans de vie de plus que les ouvriers sans limitation fonctionnelle (34 ans versus 24 ans) [6]. De même, sur 1990-1996 le taux de mortalité prématuré (à age égal) est 2,5 fois plus élevé pour un homme sans diplôme que pour un homme ayant fait des études supérieures (1,9 fois plus élevé pour les femmes sans diplôme que pour les femmes ayant fait des études supérieures).