LES JANSENISTES AU XVIIIè SIECLE

Le terme « janséniste » apparaît en 1641 pour désigner de façon péjorative les disciples de Cornelius Jansenius, sa doctrine reposant sur un pur retour à saint Augustin. Au début du XVIIIè siècle, Louis XIV fait déporter dans des monastères différents les dernières religieuses de Port-Royal et fait raser les lieux en 1710. Le conflit reprend en 1713 avec la bulle Unigenitus fulminée par Clément XI. Dès le début de la Régence, elle provoque la fusion du gallicanisme, du jansénisme et du richérisme, une « fusion véritablement organique, que la Régence n’a pas créée, mais qu’elle a favorisée et qui va donner sa coloration propre au jansénisme du XVIIIè siècle, bien inférieur par la qualité d’âme et par les talents de ses sectateurs, à celui du XVIIè siècle » (Michel Antoine).
En quoi le jansénisme du XVIIIè siècle est-il particulier ? Quelles oppositions rencontre-t-il ?

I. La bulle Unigenitus et ses conséquences. 1. Rédaction de la bulle. Lors de sa rédaction en 1713, Louis XIV escompte une adhésion presque unanime et vit avant de mourir qu’il s’était trompé lourdement. La bulle condamnait cent une propositions (la plupart portant sur le libre arbitre et la grâce) de l’ouvrage du père Quesnel publié en 1692 à Bruxelles (successeur du grand Arnauld à Port-Royal). Le conflit se concentre autour de la 91è proposition qui donne tous les pouvoirs au pape en matière d’excommunication. D’autre part, les évêques gallicans refusent une acceptation pure et simple qui conduirait à terme à une reconnaissance implicite de l’infaillibilité pontificale.

2. De nombreux opposants. La décision papale provoque aussitôt les violentes critiques d’une quinzaine d’évêques, en particulier ceux de Senez (Soanen), Montpellier (Colbert), Mirepoix (La Broue), Boulogne (de Langle) qui forment les Quatre appelants en 1717 (ecclésiastique qui appelle à la réunion d'un concile sur la question de la bulle papale) auxquels s’ajoute