Les jeux du je

3355 mots 14 pages
IV. Les jeux du je- de la subjectivité dans Les Faux-Monnayeurs

Dans la première partie de ce chapitre on va esquisser une vision globale sur les configurations énonciatives dans Les Faux-Monnayeurs qui accompagnent la technique narrative employée dans ce roman, ensuite on va y surprendre les traces de l’énonciation et on va soumettre à l’analyse un fragment pour déceler les plans de l’énonciation, le discours indirect libre comme forme de polyphonie, l’implicite et les lois de discours. Ce roman est l’aboutissement des recherches de l’auteur sur la subjectivité narrative. Dans le récit gidien il y a quatre formes différentes de discours personnel, quatre je différents[1] : celui de l’auteur intervenant dans le récit du narrateur, celui des personnages en dialogues parlés, celui des soliloques mentaux des protagonistes et le je du narrateur. Quant à la technique narrative, Gide privilégie la présentation indirecte des faits, en recourant à la technique de la focalisation démultipliée, il est autant de narrateurs que des personnages et chaque personnage prend part à la narration selon de modes variés (récits, conversations, monologues intérieurs, lettres et notes). Il y a changement permanent de narrateurs et de points de vue qui donne plusieurs perspectives d’un même événement. De plus, les personnages semblent échapper à leur narrateur et semblent gagner une volonté leur étant propre et lui étant inconnue. Gide enrichit son système kaléidoscopique et polyphonique en créant au sein du texte une tension entre d’une part l’événement, le fait, la donnée extérieure et d’autre part l’effort même du romancier pour faire un livre avec cela et cet effort de forger un roman nous fait penser à Édouard qui décrit son travail dans son journal. Le journal d’Édouard est un journal de romancier, un commentaire de l’œuvre. Derrière la première personne du singulier, se profile Gide, mais aussi un écrivain fictif. L’auteur réalise ce

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