Les liaisaons dangereuses
– sa volonté de puissance y est très nette encore : les pronoms personnels de la première personne accompagnent des termes guerriers : "vaincue, triomphe, vaincre, résister, victoire, manœuvres, campagne, combattre, capitulation"... On sait de quelles connotations militaires la conquête amoureuse s'est toujours accompagnée dans le roman (à ce titre une comparaison entre ce passage et l'admirable éloge de l'inconstance dans l'acte I du Dom Juan de Molière serait significative).
– la lettre commence par un cri de victoire, que Valmont est particulièrement soucieux de valoriser devant sa destinataire : la dernière phrase, notamment, trahit de quel amour propre il faut accompagner ce bulletin de campagne, et c'est aussi ce qui doit nous inviter à en nuancer le cynisme. Nargué, persiflé par la marquise, Valmont a naturellement tendance à exagérer ses préventions contre l'amour et à donner des gages de liberté. Il fait ainsi l'effort d'expliquer sa joie par le travail peu ordinaire que cette conquête a exigé.
– d'ailleurs, cette satisfaction cède le pas à une introspection attentive qui manifeste l'exercice intact de la raison : Valmont en appelle à des "principes" comme à une expérience. La lettre manifeste un effort de lucidité presque pathétique. Les craintes exprimées par les questions sont aussitôt dissipées par des décisions volontaires, quoique aussitôt mises en doute : "Mais reléguons", "Non, il faut avant tout", "ces décisions règleront ma conduite", "vous pouvez être sûre"... Sans nul doute, l'œil éclairé de la marquise ne peut percevoir, dans cet effort pour paraître maître de soi, que l'aveu d'une défaite, et cette lettre joue donc un rôle essentiel dans la manière dont les événements vont se précipiter.
L'étude pourra ensuite mettre en valeur tous les signes de la défaite :
– Valmont a déjà révélé la séduction