Les liaisons dangereuses (laclos) lettre 48
| | |
| |(TIMBREE DE PARIS.) |
| | |
| |C'est après une nuit orageuse, et pendant laquelle je n'ai pas fermé l'œil ; c'est après avoir été sans cesse ou dans |
|[pic] |l'agitation d'une ardeur dévorante, ou dans l'entier anéantissement de toutes les facultés de mon âme, que je viens |
| |chercher auprès de vous, Madame, un calme dont j'ai besoin, et dont pourtant je n'espère pas jouir encore. En effet, la |
| |situation où je suis en vous écrivant me fait connaître plus que jamais la puissance irrésistible de l'Amour; j'ai peine|
| |à conserver assez d'empire sur moi pour mettre quelque ordre dans mes idées; et déjà je prévois que je ne finirai pas |
| |cette Lettre sans être obligé de l'interrompre. Quoi! ne puis-je donc espérer que vous partagerez quelque jour le |
| |trouble que j'éprouve en ce moment? J'ose croire cependant que, si vous le connaissiez bien, vous n'y seriez pas |
| |entièrement insensible. Croyez-moi, Madame, la froide tranquillité, le sommeil de l'âme, image de la mort, ne mènent |
| |point au bonheur; les passions actives peuvent seules y conduire; et malgré les tourments que