« Le libéral refuse de choisir entre Louis XIV et Napoléon » écrit René Rémond dans son ouvrage Introduction à l’Histoire de notre temps. Cette formule résume de la façon la plus claire possible les revendications des libéraux.
Etre libéral c’est avant tout être animé d’un idéal humaniste. On lutte pour la défense des droits et des libertés de l’individu, pour leur primauté, face à ceux de l’Etat. Mais c’est aussi se référer à la doctrine des Lumières et à la Révolution de 1789. Le libéral se voit comme l’héritier et le continuateur des idéaux révolutionnaires. Etre libéral, enfin, c’est s’opposer à la monarchie absolue, au retour de l’Ancien Régime et aux ultra-royalistes. Certains ont donné leur vie pour cet idéal, qui était donc profondément ancré en eux.
Les souffles du libéralisme ont eu lieu dans toute l’Europe, que ce soit dans la péninsule ibérique, l’Europe occidentale ou la Grèce en passant par le Royaume-Uni, les Etats italiens et germaniques et la Pologne, alors sous domination russe. Même s’il ne connaît pas partout le même succès ni la même vigueur, ce mouvement va bien au-delà des frontières et voit l’union des libéraux de plusieurs pays s’unir. Les convictions et les objectifs à défendre sont les mêmes, même si les institutions ne demandent pas partout les mêmes réformes. Renforcer le libéralisme dans un pays, c’est aider à sa diffusion dans d’autres et prouver sa légitimité.
En 1815, le Congrès de Vienne restaure la monarchie en France et la renforce un peu partout ailleurs en Europe. La Révolution est perçue comme un mal qu’il faut éradiquer, oublier, et dont seule la restauration peut guérir l’Europe. Les libéraux, porteurs d’une partie des idéaux révolutionnaires et souhaitant propager l’héritage de la Révolution de 1789, sont considérés comme des ennemis du régime. Dès lors, l’objectif est de sortir de la place inconfortable de l’opposition ; mais bien souvent, s’ils osent s’exprimer et demander des concessions à la monarchie, on leur