La poésie de Philippe Jaccottet dans A la lumière de l'hiver présente un univers chaotique, souvent abstrait tandis que les lieux peints donnent un sentiment de tranquillité. Ce faisant, dans quelle mesure le lieu constitue-t-il un lien nécessaire entre l'être et ce qui l'entoure ? Le lieu est vu comme l'espace privilégié de l'harmonie (I) et a donc comme dessein d'apaiser (II). I] Le lieu comme espace privilégié de l'harmonieLe lieu constitue l'espoir d'une coexistence apaisée entre les êtres et les choses (A) et n'est donc pas compatible avec la mort (B).A) L'espoir d'une coexistence apaisée entre les êtres et les chosesParce que l'espace paraît divisé, parce qu'il y a cette impression d'un univers chaotique, la poésie est le moyen de recouvrer l'unité du monde et donc l'espérance d'une cohésion entre les êtres et les choses. Et Philippe Jaccottet considère que c'est dans un lieu précis et non pas « détaché, perdu, vain » (La Semaison, p. 102) que cette unité est plausible. Ainsi dit-il : « Dans les lieux, il y a communication entre les mondes, entre le haut et le bas ; et parce que c'est un centre, on n'éprouve pas le besoin de partir ». Voilà comment le poète appréhende le lieu, c'est un centre en harmonie avec le tout.B) Le rejet de la mortEt justement, parce que le lieu instaure une harmonie au sein d'un univers chaotique, parce qu'il permet la communication entre les mondes, alors peut-on en déduire que la mort est la négation du lieu en ce qu'elle sépare de façon immuable l'être et ce qui l'entoure. Le recueil Leçons évoque cette séparation d'avec l'être qui nous est cher : « Souffle arraché : méconnaissable. / Cadavre. Un météore nous est moins lointain. / Qu'on emporte cela » (p. 27). Aussi comprend-on pourquoi les recueils du deuil, Leçons et Chants d'en bas, ne présentent pas le moindre lieu. Les quelques remarques sur les paysages qui peuvent être faites ne sont que des marques d'espoir nous rappelant que la mort peut être surmontée.Ainsi, le lieu